Ces poissons sont souvent décriés (à tort), pour plusieurs raisons :
– Certaines espèces de muges sont présentes dans les eaux saumâtres, dans les ports, souvent en surface, ce qui les associe à des eaux qui ne seraient pas propres.
– La peau intérieure de leur ventre est noire, inhabituelle pour des poissons et repoussante pour certains non initiés.
– Plusieurs muges ont la peau qui sécrète une substance un peu visqueuse.
– Mal écaillés, consommés faisandés cad pas de première fraîcheur, mal cuisinés, trop cuits, mal dépiautés dans l’assiette, comme pour tous les poissons ça devient inmangeable. [il faut une certaine pratique pour faire des muges d’excellents plats, voir photo de filets de muge marinés à la tahitienne/provençale, du temps où on consommait du poisson à outrance…]
Tous ces à priori font que l’espèce ne vaut pas très cher sur les étals, en général les chasseurs sous-marins ne les tirent pas (sauf le « tueur de muges » 😉 qui vient quelquefois sur les plages du Prado), il n’y a pas de pêche professionnelle particulière et c’est tant mieux pour les muges qui sont en nombre conséquent dans nos eaux ! Souvent en pleine eau, des bancs serrés de plus de 100 individus d’un kilo pièce qui filent à toute allure pendant le frai sont absolument magnifiques à observer.
Il existe plusieurs espèces de muges, compliquées à différencier. Par ex le super guide d’identification des poissons marins de Patrick Louisy indique à ce sujet « il faut souvent avoir le poisson et une loupe en main, et même l’ouvrir et observer les « coeca pyloriques » ?, de loin le plus fiable… »
On peut néanmoins en identifier facilement au moins 2 ou 3 espèces :
– LE MUGE DORIN liza aurata, repérable grâce à la tâche ronde brillante jaune dorée sur l’opercule
– LE MUGE LIPPU grâce à son énorme lèvre qui semble déborder de part et d’autre de la bouche du muge.
– LES MUGELONS appelés ainsi car il s’agit de petits muges, de 15 à 20 cm maxi, souvent présents près de la surface dans l’écume des vagues contre les rochers. Peut-être s’agit-il de juvéniles ? ou d’une espèce à part ?
Il y a aussi le « mugil cephalus » ou mulet à grosse tête, ou « mulet cabot » ou « MUGE NOIR » ainsi appelé par les pêcheurs professionnels, dont les femelles produisent énormément d’oeufs base de la fameuse poutargue*.
– En photo, ce qui semble être un MUGE PORC liza ramada, particularité : le dessus de la tête est aplati, une femelle remplie d’oeufs. Espèce qui elle aime les eaux saumâtres et même douces, ce sont les muges que l’on trouve dans l’Huveaune jusqu’au Parc Borely, ou dans le Vidourle au Grau-du-Roi.
Sur les plages du Prado, bien habitées par les muges quand l’eau est chaude, il y a des dorins et des lippus, en les observant on les voit se nourrir de bouchées de sable qu’ils mastèguent et recrachent en petits nuages ronds, en en conservant les nutriments.
Parler marseillais : Le corps des muges est bien fuselé, mesurant jusqu’à 45 cm de long, et des marseillais grivois et bien présomptueux qualifient le sexe masculin de « muge » !

• * à propos de la poutargue, ou boutargue : aujourd’hui, les pêches dans le chenal de Caronte entre Martigues et Port de Bouc sont largement insuffisantes, et les fabricants de poutargue parcourent la planète pour commander les poches d’oeufs de muges en Asie, en Afrique… Il faut espérer que les stocks de muges ne soient pas trop impactés par cette demande !

Les poissons de la Méditerranée que l’on peut observer par petits fonds

Description de poissons que l’on peut admirer par petits fonds en nageant équipé d’un masque et d’un tuba. 

Certaines de ces photos ont été éditées sous la forme d’une affiche/poster pour identifications, format 60×80 cm. Infos ici https://libres-nageurs.fr/equipe/documents-littoral/